photo & vidéo

Pat.

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conseils de spécialistes

Filtrer ou éclairer sous l’eau

La lumière sous l’eau

Tout plongeur l’apprend dans son cursus de validation de niveau: les couleurs s’éteignent sous l’eau, en commençant par les rouges, puis les oranges. Si vous utilisez un appareil photo dans son caisson, cela ne suffira pas: vos images seront bleutées et fades. 

A ce phénomène d’extinction des couleurs s’ajoute celui de la consistance de l’eau. Plus impure que l’air, elle contient de très nombreuses particules: sable, plancton, débris végétaux, pontes, etc. Ces particules ont pour effet que plus vous êtes éloigné de votre sujet, plus la couche d’eau est importante, et plus vous perdrez en contraste, détail et piqué de l’image. De plus, ces impuretés rendent un éclairage direct plus dommageable qu’efficace puisque ces particules se retrouvent surexposées et forment autant de tâches blanches sur vos photos: le backscatter en anglais, ou l’effet de neige en français.

Ces phénomènes spécifiques à l’image sous-marine conduisent à des techniques spécifiques de compensation, plus proches de la photographie de studio que de la photographie animalière, ce qui bien souvent déroute le pratiquant amateur qui découvre ce milieu. Obtenir les plus belles photos sous-marines s’apparente donc davantage aux techniques de flash de studio qu’à celles de la photo de nature terrestre.

Pourtant des solutions existent, elles sont simples à mettre en œuvre si l’on a compris les bases de la problématique. C’est tout l’objectif de cet article.

Filtrer

La filtration consiste à rajouter un filtre rouge ou orange (ou magenta pour le cas des eaux vertes) devant votre hublot, soit vissé directement sur votre caisson étanche, soit à l’aide d’un flip rabattable pour pouvoir s’en affranchir au besoin.

L’inconvénient du filtre est qu’il fait perdre un peu de lumière, et comme par principe si vous l’utilisez c’est que vous n’éclairez pas, il peut en résulter une vitesse d’obturation basse et des flous de bougé. Peu impactant sur des capteurs de grande taille peu bruités des hybrides ou reflex haut de gamme, ce sera plus délicat à gérer sur de petits capteurs (TG-6, smartphones) où la montée en ISO n’est pas souhaitable en raison du bruit numérique généré (pixels aléatoires verts, bleus, rouges, apparaissant sur l’image en raison de l’échauffement du capteur). Il vous faudra renoncer à laisser monter les ISO (ne pas laisser en ISO auto), ouvrir votre diaphragme, et jongler avec de basses vitesses générant des flous de bougé possibles.

D’autre part, les filtres boostent les rouges mais ne corrigent pas le spectre de couleurs comme un éclairage type lumière du jour peut le faire. vous ne restituerez pas les couleurs avec un filtre rouge aussi bien qu’avec de vrais phares vidéos ou flashs sous-marins.

Enfin, un filtre rouge donné, plus ou moins dense dans sa correction, corrigera idéalement pour une profondeur donnée. Par exemple, un filtre rouge 15-25 m sera optimisé pour une profondeur moyenne de 20m, sous des conditions moyennes de turbidité, et en eaux bleues. Plus près de la surface, vous verrez apparaître une dominante rouge, plus profond, c’est le bleu qui reprend la main.

L’avantage des filtres est qu’ils sont peu onéreux, et corrigent les rouges sur tous les plans de votre image, proches comme lointains.

Aujourd’hui sur les capteurs de dernière génération à grande dynamique, un photographe peut très bien photographier en RAW et booster ses rouges en post production sur un logiciel de développement d’images comme Lightroom. En vidéo c’est rendu plus difficile par les formats compressés: c’est là qu’avoir du 8K et une grande dynamique permet de modifier en post production, réenregistrer sans perte visible de qualité ! 

Côté marque et modèles, Keldan propose la gamme de filtration la plus précise et la plus étendue, au prix de cette marque haut de gamme bien sûr. Des alternatives existent avec d’autres fabricants plus accessibles, mais toujours avec moins de choix dans les corrections proposées.

Quelques modèles de filtres et flips :

Éclairer

Vous l’avez désormais compris, rien ne remplace la lumière en termes de potentiel de restitution des couleurs en prise de vue sous-marine. Choisir un éclairage photo vidéo n’est pas simple en raison de l’abondance des modèles. Idéalement, pour une simple question d’équilibre de vos éclairages, il vous faudra deux sources déportées, une comme éclairage principal, une pour déboucher les ombres. Le phare vidéo permet à la fois la pratique de la vidéo sous-marine mais également celle de la photo subaquatique.

Mais le flash ne servira qu’au photographe. Ce dernier, s’il est plus complexe à maîtriser techniquement, est doté d’une puissance instantanée beaucoup plus confortable et permet donc de figer l’action avec des vitesses plus élevées. Également, et contrairement à un éclairage continu qui peut gêner un animal marin, son instantanéité permet d’observer des comportements naturels plus aisément, en éclairant par exemple avec une lampe pilote, qui aidera la mise au point autofocus, mais qui se coupera au déclenchement du flash. L’usage d’une lampe pilote en lumière rouge, que les poissons ne voient pas, sera un must.

Le flash, en raison de sa puissance plus importante, demandera des bras plus longs pour éviter les particules en suspension dans l’eau. Il vaut mieux éviter de mélanger les sources lumineuses, avoir les deux mêmes éclairages permet de mieux doser la sous-exposition de l’un pour justement juste déboucher les ombres et conserver du modelé, et également de s’assurer de disposer de la même température de couleur, sinon il y aura un risque d’apparition d’une dominante de couleur d’un côté de votre image.

L’inconvénient de l’éclairage est que conformément à toute source ponctuelle, la puissance de la source est inversement proportionnelle au carré de la distance. En termes plus simples, la puissance lumineuse décroît très vite avec l’augmentation de la distance. Ajouté au fait que l’eau est chargée de particules, il en résulte qu’éclairer de loin ne sert à rien et génère plus de problèmes que d’avantages. Sous l’eau, vous ne pourrez éclairer que dans le premier mètre cinquante !

Enfin les particules en suspension dans l’eau interdisent d’éclairer dans l’axe de l’optique. Vous vous dites : je vais installer mon flash directement sur le caisson car je ne veux pas ressembler à un sapin de Noël comme tous ces photographes avec leurs bras de presqu’un mètre? Mauvaise idée, vous vous spécialiserez dans l’outil “correcteur localisé”  de Photoshop pour retirer toutes les tâches blanches sur vos images… Ces longs bras servent justement à éloigner la source de l’axe optique, et éviter à tout prix d’éclairer l’eau située entre le hublot et le sujet, car les particules présentes, puisque devant le sujet, seraient inévitablement surexposées donc créeraient une tâche blanche sur votre image… On conseille dans les ouvrages sur la photo subaquatique un éloignement de 30-40cm pour un phare vidéo, et 70-80cm pour un flash.

Techniquement, un éclairage continu est pris en compte par le capteur et l’exposition est donc plus aisée à gérer. Le flash lui demande des procédures de couplage (TTL câblée, S-TTL par fibre optique) et est moins aisé à maîtriser car vous n’en voyez les effets qu’à posteriori !

Choix du photographe sous-marin

Je conseille au pur photographe sous-marin de posséder au terme de son équipement deux flashs sous-marins externes puissants (Inon Z330, Sea & Sea YS-D3, Retra Pro X, Ikelite DS161, 162, 230), montés sur bras doubles articulés procurant un éloignement axe de flash/ axe optique d’au moins 70cm. En termes de finesse d’exposition TTL, le plus précis reste Ikelite, mais étant en câblage filaire, il nécessite un appareil photo avec griffe flash et un caisson avec une prise accessoires M14 ou M16, me contacter sur le site pour un montage personnalisé. Les flashs sont lourds car dotés d’accus Ni-Mh puissants et réduisant de ce fait le temps de recharge, on n’a rien sans rien. Sea & Sea et Inon fonctionnent à l’opposé sur un système S-TTL par fibre optique demandant un déclenchement par flash intégré au boîtier, ou alors un module opto-électronique qui joue ce rôle. Ici aussi je vous proposerai un montage adapté sur simple mail de votre part (photo@argonaute.eu).

Tous les modèles cités permettront de travailler ensuite la qualité de l’éclairage: dômes de diffusion pour une lumière plus douce, snoots pour éclairer juste le sujet, etc…

Idéalement, une lampe pilote ayant une fonction lumière rouge complètera idéalement ce système, montée sur le caisson de votre appareil photo sous-marin. La fonction lumière rouge permettra d’observer des comportements sans déranger (les poissons ne voient pas le rouge), d’aider à la mise au point autofocus, et de se faire oublier lors d’un coup de flash en s’éteignant à la vitesse de la lumière grâce à une cellule de détection: c’est le propre d’une lampe pilote.

Les modèles de flash les plus intéressants, polyvalents paysage et macro :

Dans le haut de gamme :

Lampes pilotes :

big blue al1200 rafo
Big Blue AL1200 RAFO

Choix du vidéaste sous-marin

Le vidéaste, lui, ne pourra utiliser le flash. Mais disposera idéalement d’au moins 2x 4000 lumens, et plus encore s’il veut modeler la lumière (dômes diffuseurs faisant perdre la moitié de la puissance par exemple).

Le choix sera ici bien plus vaste qu’avec les flashs, mais nous vous conseillons une marque éprouvée (Hi-Max, Big Blue, Weefine, Ligh&Motion, Keldan) et spécialisée. De nombreux accessoires seront un plus. Pouvez vous adapter un snoot? Un dôme diffuseur? Un filtre lumière ambiante pour harmoniser fonds et premiers plans?

Outre les accessoires, il faudra bien sûr rechercher une étanchéité 100m, un angle d’éclairage d’au moins 120° homogène et sans point chaud, suffisamment de ratios de puissance, une mise en œuvre facile et aisée, la lumière rouge sera un plus bien sûr.

Certains modèles de phares polyvalents proposent également un mode exploration à faisceau étroit, ainsi qu’un mode ultra-violet pour la bio luminescence.

Le modèle de phare vidéo idéal aura un indice de rendu des couleurs élevé (CRI supérieur à 90), des filtres de lumière ambiante compatibles, une molette ou curseur de règlage de puissance facile à mettre en œuvre, voire un contrôle distant permettant des réglages de puissance continus.

Weefine, Subchandlers, Keldan, Big Blue, proposent de tels modèles.

Les modèles de phare les plus intéressants :

subchandlers m8000
Subchandlers M8000

Dans le haut de gamme :

Aide à la résolution de problèmes courants

Diagnostic :Solution :
J’utilise un flash mais mes premiers plans sont souvent surexposésC’est un pur problème d’exposition. Ne pas laisser votre appareil en ISO auto et prendre la main sur l’exposition. Fermer le diaphragme.
J’ai plein de points et tâches blanches sur mes imagesVotre éclairage est trop dans l’axe de l’optique, allongez vos bras d’éclairage, éloignez vos flashs du boîtier, et n’éclairez que votre sujet, surtout pas la couche d’eau entre votre hublot et votre sujet
Mes images sous-marines sont bleutées et fadesSi vos premiers plans sont à moins d’1.5m, apportez de la lumière, sinon, positionnez un filtre rouge. En photographie, faites du format RAW, qui permettra de booster les couleurs en post traitement. En vidéo, seuls les meilleurs capteurs à grande dynamique vous permettront de rattraper les couleurs en postproduction sans filtration ni éclairage.
J’ai des éclairages déportés, mais si mes premiers plans sont bien colorés, mes arrière-plans restent bleutés et sans couleursC’est normal, la puissance d’éclairage étant inversement proportionnelle au carré de la distance. Mais il y a une solution: filtres bleus (appelés filtres à lumière ambiante) sur vos éclairages pour harmoniser premiers et arrière-plans, puis filtre rouge devant le hublot pour tout rebooster. L’éclairage restituera toutes les couleurs du premier plan, et le filtre rouge boostera l’arrière plan.

Conclusion

Vous l’aurez compris, l’éclairage sous-marin est complexe et nécessite quelques connaissances techniques et du matériel photo. Nous sommes là pour vous aider ! Conseils techniques ou conseils d’équipement, n’oubliez pas que notre cœur de métier reste la formation : nous organisons régulièrement des stages photo qui vous permettront d’accroître vos connaissances. Maîtriser la lumière sous l’eau, c’est obtenir ces superbes couleurs que vous voyez dans les pages de vos magazines préférés. Le matériel photographique et vidéographique a réalisé de tels progrès que tout passionné aujourd’hui peut produire des photos et des vidéos de qualité professionnelle, à une fraction du coût des systèmes professionnels d’antan. Faire des photos ou des vidéos sous l’eau n’a jamais été si facile !

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